Des protéines végétales suisses

Madame Vincent, GMSA a toujours accordé une grande importance aux matières premières suisses. Pourquoi cette priorité et comment se fait-il que l’entreprise soit malgré tout tributaire des importations ?

Nous soutenons l’agriculture indigène, car nous sommes convaincus de la grande qualité des matières premières locales. Cependant, certains produits aux qualités spécifiques ou bio ne sont pas disponibles en quantité suffisante en Suisse. C’est pourquoi nous importons de petites quantités de manière ciblée. Nous sommes également davantage dépendants des importations les années comme 2024, où les rendements ont été très faibles en Suisse.

En décembre 2022, vous avez créé la joint-venture Protaneo avec IP-Suisse et Feldkost Food SA. Quelles étaient vos motivations ?

En 2020/21, nous nous sommes mis à analyser le marché à fond et nous sommes rendu compte qu’il existait certes une transformation pour les protéines végétales en Suisse, mais qu’il manquait une chaîne de création de valeur vraiment 100 % locale. IP-Suisse était déjà un partenaire avec qui nous étions en étroite relation. Nous nous sommes associés à Feldkost pour réaliser une production suisse continue, du champ à l’assiette. De plus, de nombreux produits importés font appel à des processus chimiques et à des additifs, alors que les produits Protaneo en sont totalement exempts.

Concrètement, quel est le rôle de GMSA dans cette joint-venture ?

GMSA fournit un cadre opérationnel à Protaneo et s’occupe de la commercialisation des produits.

Quelle quantité de matière première transformez-vous ?

Au cours de la première année, nous avons transformé environ 250 tonnes de pois et de féveroles.

À l’heure actuelle, vous êtes la seule entreprise suisse à produire des concentrés de protéines végétales. Quels produits fabriquez-vous exactement ?

Nous produisons des farines et des concentrés de protéines à partir de pois jaunes et de féveroles suisses destinés à l’industrie alimentaire. Une partie de ces concentrés est utilisée dans les produits Protaneo, comme le hachis et l’émincé végétal. Tous les deux se composent de quatre ingrédients seulement, d’origine 100 % suisse : pois, féveroles, farine de graines de tournesol et farine de graine de courge. Ces deux derniers ingrédients sont des sous-produits de la production d’huile alimentaire.

Quelles sont les principales caractéristiques de ces deux produits en matière de ventes ?

Nos produits sont les premiers extrudés de protéines fabriqués naturellement, entièrement à partir de matières premières suisses. Ils sont durables et ont obtenu l’éco-score A+. Sur le plan nutritionnel, ils sont de grande qualité et viennent de recevoir le label de la Fondation Suisse de Nutrition et Santé. Ils se conservent un an sans devoir être réfrigérés, ce qui en facilite le stockage.

Protaneo s’est-elle développée comme vous l’espériez ?

Au début, se faire connaître sur le marché a été un défi. De ce fait, le développement a été plus lent qu’escompté. Mais la croissance est au rendez-vous, même s’il s’agit toujours d’une production de niche.

Selon vous, à quels défis Protaneo fait-elle face actuellement ?

Actuellement, j’en vois deux : d’une part, nous regrettons le manque de soutien du commerce de détail pour la commercialisation de nos produits. D’autre part, il faut familiariser le consommateur avec nos produits, car, en tant que produits secs, ils représentent un nouveau type d’alimentation.

Quels succès avez-vous déjà remportés ?

Alors que se faire une place dans le commerce de détail représente un grand défi, nous avons pu convaincre de nombreuses entreprises du secteur de la restauration privée et collective de l’intérêt de nos produits. Nous avons également reçu des réactions très positives lors de dégustations, tant de la part des professionnels que des consommateurs. Nous pouvons aussi nous targuer des très bonnes évaluations d’éco-score Beelong pour la durabilité ainsi que du label de la Fondation Suisse de Nutrition et Santé pour la qualité des protéines. Nous avons également eu l’honneur de recevoir le prix « Explorer of the Year 2023 » de Promarca qui récompense le produit le plus prometteur et le plus innovant.

L’absence de protection douanière contre les importations bon marché entraîne une forte pression sur les prix. Comment Protaneo compte-elle relever ce défi ?

À long terme, nous avons besoin d’un soutien politique pour créer une base de concurrence équitable. D’autres produits agricoles bénéficient également de mesures de protection soutenant la production indigène.

Que faut-il pour assurer l’avenir de Protaneo ?

Nous devons être en mesure d’augmenter nos volumes de production pour devenir économiquement viables. À cet effet, il est primordial que les grands distributeurs intègrent nos produits dans leur assortiment. La diffusion dans la restauration, notamment dans les cantines, les écoles et les hôpitaux, est également essentielle. Aujourd’hui, tout le monde veut manger durable. Pour cela, il faut proposer les produits correspondants au consommateur et que celui-ci passe des paroles aux actes.