Stockage, transformation et vente des produits de l’exploitation
Le stockage, la transformation et la vente de produits de la ferme font encore partie intégrante des activités et des revenus de nombreuses exploitations agricoles.
Qu’est-ce que le stockage, la transformation et la vente des produits de l’exploitation ?
Les familles paysannes ne produisent pas que des matières premières. Depuis toujours, elles transforment, stockent et vendent une partie de leur production. Pour une partie des exploitations agricoles, ces activités revêtent aujourd’hui encore une grande importance suivant l’orientation et la spécialisation. À titre d’exemple, le stockage peut concerner aussi bien celui des fourrages grossiers pour les animaux que celui des pommes de terre et des pommes pour les humains. Transformer les produits pour avant tout les conserver, comme faire du fromage avec le lait à l’alpage ou pressurer du raisin pour en faire du vin, font partie des traditions agricoles. En définitive, il faut vendre les produits de l’exploitation, que ce soit aux grossistes, aux entreprises régionales ou directement aux clients dans le magasin de ferme.
Pourquoi l’agriculture doit-elle construire des bâtiments et des installations pour stocker, transformer et vendre les produits de la ferme ?
Pour de nombreuses exploitations, le stockage, la transformation et la vente font encore partie intégrante de leurs activités et de leurs revenus. Tandis que les recettes issues du commerce de matières premières ne suffisent souvent pas à s’assurer un revenu pour vivre en Suisse, la vente directe en particulier permet de créer encore plus de valeur et de générer du travail rémunéré. Dans ce cadre, la filière vitivinicole constitue un bel exemple de réussite, où les vignerons s’engagent souvent de la production du raisin à la vente du vin. Pour maintenir la diversité des exploitations sur le long terme, il convient dès lors que les constructions telles que les locaux de stockage ou les magasins de ferme soient autorisées sur les exploitations agricoles.
Texte de l’ordonnance
2 Sont en outre conformes à l’affectation de la zone les constructions et installations qui servent à la préparation, au stockage ou à la vente de produits agricoles ou horticoles:
a. si ces derniers sont produits dans la région et que plus de la moitié d’entre eux proviennent de l’exploitation où se trouvent lesdites constructions et installations ou d’exploitations appartenant à une communauté de production;
b. si la préparation, le stockage ou la vente ne revêt pas un caractère industriel, et
c. si l’exploitation où se trouve lesdites constructions et installations conserve son caractère agricole ou horticole.
Quels sont les défis dans le cadre de l’aménagement du territoire ?
La place qu’occupent le stockage, la transformation et la vente des produits de la ferme sur l’exploitation n’est plus à démontrer. Néanmoins, des facteurs économiques rendent désormais peu pertinente pour une ferme la construction d’installations et de bâtiments coûteux dans le seul but de vendre uniquement ses propres produits. Des fluctuations dans la récolte ou des économies d’échelle requièrent de rassembler les forces et de stocker, de transformer et de vendre ensemble les produits.
Au lieu de construire un petit magasin de ferme sur chaque exploitation pour ne vendre que quelques produits, il est plus judicieux du point de vue de l’aménagement du territoire de rassembler l’offre dans une ferme qui se prête à la vente directe. Comme dans le cas des installations de biogaz ou du développement interne, la question se pose de savoir où se trouve la limite. Dans le droit agricole et de l’aménagement du territoire, il existe différentes limites, dont la plupart ont fait leurs preuves.
Comment les conditions cadres pourraient-elles être améliorées ?
La loi sur l’agriculture ainsi que l’ordonnance sur l’aménagement du territoire considèrent le stockage, la transformation et la vente des produits de l’exploitation comme faisant partie intégrante de l’agriculture. Par conséquent, les constructions et les installations nécessaires à ces activités peuvent être autorisées et considérées comme conformes à l’affectation de la zone, pour autant qu’elles servent à stocker, transformer ou vendre les produits de la ferme où elles se trouvent ou ceux de la ferme voisine. Pour que cette pratique reste simple et possible, les activités conformes à l’affectation de la zone ne sauraient en aucun cas être assimilées à des activités accessoires secondaires non agricoles. Même si la branche d’exploitation donne une impression industrielle, il s’agit toujours d’une activité agricole conforme à l’affectation de la zone. À cet effet, les autorités n’ont pas besoin de modifier la loi, mais de la reconnaître et de l’appliquer.
Quelles améliorations apporte la deuxième révision de la loi sur l’aménagement du territoire en matière de stockage, vente et transformation ?
Il n’y a pas eu de modification dans les domaines du stockage de la vente et de la transformation. La loi en vigueur suffit.
Comment les conditions cadres pourraient-elles être améliorées ?
Interview de Martin Born, d’Aarwangen (BE)
Qu’est-ce qui vous a amenés à ouvrir un magasin de ferme ?
Il y a plus de 40 ans de cela, ma mère et d’autres paysannes du village ont ouvert un marché à Aarwangen. Vingt ans plus tard, nous avons construit un magasin de ferme sur notre exploitation. Pour ma famille, la vente directe représente aujourd’hui encore une source de revenu importante, que nous avons développée au fil des ans.
Quelles réflexions sous-tendaient un investissement dans un magasin de ferme ?
Notre premier magasin de ferme se trouvait devant le grenier. En hiver, nous devions protéger nos produits dans un container. Il y a trois ans, nous avons décidé d’abandonner l’engraissement des truies pour concentrer nos efforts sur la vente directe. Nous utilisons à présent la porcherie comme atelier de transformation et y avons installé le chauffage du grenier pour faire de la place au magasin de ferme.
La salle de chauffage du grenier nous a permis de gagner un bon espace (certes un peu caché) pour un magasin de ferme à côté de notre maison. Nous gardons ainsi le contact avec les clients réguliers, chose que nous apprécions beaucoup. Il aurait aussi été possible d’installer le magasin de ferme plus loin de notre exploitation, au bord de la route, mais les risques de vols auraient été plus importants et il nous aurait fallu être sur place en permanence. Notre objectif était de continuer à tenir un magasin de ferme avec la même offre que jusqu’alors et en libre-service.
Comment s’est déroulé le processus depuis l’idée du magasin de ferme jusqu’à son ouverture ?
Pour le dernier projet de construction, nous avions nous-mêmes déposé une demande d’autorisation. Cette fois-ci, j’ai fait appel à la coopérative de constructions rurales. Le projet n’est pas très compliqué, mais les exigences posées aux plans et le nombre de documents requis ont augmenté. J’ai donc préféré remettre mon projet entre des mains expertes. La demande de construction s’est déroulée sans problème particulier, bien qu’il ait fallu un certain temps avant de recevoir l’autorisation de construire : nous avions déposé la demande en janvier 2021 et avons reçu l’autorisation en avril 2021. Le magasin de ferme a été ouvert au printemps 2022.
Quel est votre degré de satisfaction quant à la vente directe ?
Les affaires marchent bien. Nous pouvons vendre nous-mêmes les produits que nous fabriquons, ainsi que d’autres produits de la région. Nous commercialisons la moitié de nos produits carnés et tous nos légumes de saison à travers la vente directe. Par ailleurs, nous fournissons deux restaurants ainsi qu’une crèche et des magasins de la région. Nous sommes aussi souvent présents au marché d’Aarwangen.
- Martin et Barbara Born, ainsi que leurs trois enfants
- Exploitation IP-Suisse
- 34 hectares (1,3 ha de légumes de saison ; 2,5 ha de pommes de terre ; 3 ha de betteraves sucrières ; 4 ha de maïs ; 8 ha de céréales et 13 ha de surface herbagère)
- Élevage de vaches mères (16 places, production de viande Natura-Beef)
- Main-d’œuvre : couple d’exploitants, apprenti, parents
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