Chapitre 1 : Situation dans le monde

Développement de la production mondiale

Dévelop-pement de la production mondiale

La productivité des terres agricoles diminue

Les terres agricoles et l'eau sont les principales bases naturelles de production de l'agriculture. Or, celles-ci étant limitées, l'augmentation de la population mondiale requiert une plus grande productivité ou une plus grande efficacité des ressources. L’indice de productivité agricole montre que la productivité de l’agriculture ne croît pas assez vite pour couvrir les besoins alimentaires de plus de 9 milliards de personnes d’ici 2050. Des évènements climatiques extrêmes plus fréquents, notamment des sécheresses, ont largement contribué à cette situation. Dans de nombreux endroits, la pénurie d'eau s'aggrave. L’Afrique de l’Est, par exemple, n’a pas connu de saison des pluies cinq années de suite, une situation qui a causé la mort de plus de 40 000 personnes rien qu’en Somalie.

Figure 3 : Indice de productivité agricole
Source : USDA

Possibilités d'augmenter la production

La possibilité la plus évidente d'augmenter la production serait d'étendre la surface agricole utile (SAU) dans des zones jusqu'ici intouchées. Cette option met toutefois en danger les habitats restants de la faune et de la flore sauvages. Bien qu'il s'agisse donc généralement de la solution la moins durable, des surfaces de forêts naturelles (pluviales) continuent d'être déboisées au profit de terres agricoles. Si la surface agricole globale a somme toute diminué au cours de la dernière décennie, c'est parce que les terres cultivables disparaissent de plus en plus sous l'effet des constructions, de la désertification ou de l'érosion des sols. Ce problème ne fera que s'aggraver avec le changement climatique. Il s'agit donc d'utiliser les terres agricoles existantes de la manière la plus optimale possible, et il existe à cet effet différentes stratégies qui dépendent du contexte : 

  1. Une agriculture plus efficace et plus productive dans les pays et les régions où la production est jusqu'à présent extensive et inefficace. Concrètement, cela signifie une professionnalisation de l'agriculture, une utilisation plus importante et plus ciblée des produits phytosanitaires et des engrais et une mécanisation accrue par l'utilisation de machines.

  2. Changement d'approche dans les pays qui pratiquent déjà une agriculture trop intensive, de sorte à ne pas surcharger les bases de production et les ressources naturelles : sélection de nouvelles variétés de plantes plus performantes et robustes, agriculture de précision pour augmenter l'efficacité ou sélection dans le domaine de l’élevage afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

  3. Production de denrées alimentaires en dehors des terres agricoles : agriculture urbaine, agriculture verticale, viande cultivée, etc. Ce qui est encore une niche aujourd'hui va prendre de l'importance à l'avenir : Il est estimé que le chiffre d’affaire de la viande cultivée se montera à 25 milliards de dollars américains d’ici 2030, tandis que l’agriculture verticale s’élèvera à 30 milliards.

Cadre politique

Pour que les familles paysannes puissent investir dans leurs champs et leurs infrastructures, elles ont besoin de sécurité juridique. Dans les pays où la propriété foncière n'est pas garantie par l'État de droit, les banques n'accordent pas de crédits aux projets agricoles. Les investissements nécessaires dans les infrastructures ne sont pas réalisés. L'instabilité politique ou des formalités administratives excessives peuvent également être à l'origine du manque d'investissements. Dans les pays développés, les exigences légales croissantes et les incitations à l'extensification ont un effet de frein sur la productivité.

Illustration : Situation dans les différentes régions du monde

L'UE est le premier exportateur mondial de produits agricoles. La SAU est plutôt constante depuis 20 ans, voire en recul. La productivité est très élevée en comparaison internationale. Sur le plan politique cependant, dans le cadre du pacte vert, on vise une extensification de la production, ce qui se fera sentir sur le marché mondial.

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Australie / Nouvelle-Zélande

L'Australie et la Nouvelle-Zélande disposent d'une agriculture très compétitive, orientée vers l'exportation. Les mesures environnementales prévues, comme le système d'échange de quotas d'émissions prévu en Nouvelle-Zélande, auront plutôt tendance à réduire la production dans les années à venir.

Asie

Un tiers des terres agricoles mondiales se trouvent en Asie. Le développement agricole y est très hétérogène. Alors qu'en Asie du Sud-Est, l'agriculture est principalement pratiquée dans la tradition de la petite paysannerie, c'est surtout en Chine que l'on assiste à une forte intensification et à une professionnalisation du secteur.

Afrique

La production agricole a pu être augmentée de 2,98 % par an au cours de la dernière décennie, grâce à la mise en valeur de surfaces et de pâturages. Toutefois, le niveau de production est bas en raison de la rareté des moyens de production et la productivité à la surface a encore diminué de 0,12 % par an au cours de la dernière décennie.

Europe

L'UE est le premier exportateur mondial de produits agricoles. La SAU est plutôt constante depuis 20 ans, voire en recul. La productivité est très élevée en comparaison internationale. Sur le plan politique cependant, dans le cadre du pacte vert, on vise une extensification de la production, ce qui se fera sentir sur le marché mondial.

Amérique du Sud

Actuellement, la production continue d'augmenter en raison de l'intensification des cultures et de l'extension de la SAU au détriment de la forêt tropicale. Rien qu'entre 2015 et 2020, la SAU a augmenté de 13 % en Amérique du Sud.

Amérique du Nord

L'Amérique du Nord pratique une agriculture fortement exportatrice. Dans ce contexte, ses pays peuvent compter sur une économie d'échelle : une exploitation moyenne aux États-Unis dispose de 180 ha, au Canada de 327 ha. Au cours de la dernière décennie, la surface agricole et la production sont restées en grande partie constantes.

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