Le sol :
précieux et rare
La Suisse est un petit pays ; les surfaces y sont rares et convoitées. Environ un cinquième du sol suisse est aujourd'hui utilisé autrement qu'il y a 30 ans. Alors que les habitations et la forêt s'étendent, l'agriculture perd du terrain continuellement. Les surfaces d'habitat et d’infrastructure occupent aujourd’hui la petite part de 8 %, mais ce sont elles qui croissent le plus rapidement. Ces dernières années, des constructions sont sorties de terre sur une surface égale à plus de huit terrains de football par jour S26. En outre, 64 % de ces surfaces construites sont imperméables. Or, un sol imperméabilisé ne peut plus fournir de services écosystémiques : il n'absorbe plus l'eau de pluie et ne peut donc plus remplir la nappe phréatique. Les espèces qui vivent dans ce type de sol meurent, car elles ne reçoivent plus ni eau ni air. Le sol ne peut plus exercer sa fonction de refroidissement. Reperméabiliser le sol ne peut se faire qu’au prix de très lourds efforts S28. Un des plus grands conflits d'objectifs avec la biodiversité se dessine ainsi : l’agriculture, la construction d’habitations et d’infrastructures et la biodiversité veulent tous utiliser les mêmes surfaces. Il n'est donc pas étonnant que les plus grands déficits en matière de biodiversité se situent dans la région de plaine.
Aujourd’hui, l'agriculture suisse promeut la biodiversité sur 19 % de ses terres. Pour y arriver, elle doit toutefois faire des concessions. Afin de garantir la sécurité alimentaire, d'autres surfaces en Suisse comme à l'étranger doivent être utilisées le plus efficacement possible pour la production de denrées alimentaires. Dans cette optique, il est nécessaire de recourir aux produits phytosanitaires et aux engrais. La mise à disposition de surfaces supplémentaires pour promouvoir la biodiversité en Suisse signifie de devoir importer davantage de denrées alimentaires et ainsi d'occuper des surfaces de production à l'étranger. La Suisse serait ainsi mieux placée en matière de biodiversité, mais la sécurité alimentaire serait moins bonne et le manque de biodiversité serait une fois de plus déplacé à l'étranger. La lutte pour les terres n'est toutefois pas un problème propre à la Suisse : la croissance démographique en fait un défi mondial.
La situation est d'ailleurs similaire dans la production d'énergies renouvelables. Elle aussi a besoin de surfaces : l’énergie hydraulique, la production de bois, l'énergie éolienne et les installations photovoltaïques dans les Alpes sont tributaires de surfaces et de ressources naturelles, ce qui entraîne encore une fois des pertes en matière de biodiversité.